CARTE : le premier à Raqqa remporte la partie
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La guerre en Syrie connaît aujourd’hui un tournant capital qui se cristallise autour de la question : qui prendra en premier RAQQA, capitale de l’Etat islamique en Syrie ? Face à une évolution militaire globalement défavorable aux Etats-Unis et à leurs alliés sunnites, il s’agit désormais pour Washington, sans déclencher de confrontation directe avec Moscou, de rester dans le jeu. Quitte à le miner dangereusement.
· Le régime de Damas et son armée, appuyés par la Russie et l'Iran :
o Est en train de libérer ALEP (capitale économique de la Syrie), assiégée depuis 2012 par différentes factions djihadistes, notamment le front Al-Nosra. L’avancée syrienne coupe une des deux routes qui permet aux « rebelles » de rejoindre la Turquie ;
o Avance depuis LATTAQUIE vers la ville de JISR AL-SHUGHUR (aux mains des rebelles djihadistes) ;
o Avance depuis HAMA vers la ville d’IDLEB (elle aussi aux mains des rebelles). Néanmoins l’attaque syrienne a été repoussée pour l’instant au niveau de la ville de OREK ;
o Avance depuis HAMA vers la capitale de l’Etat islamique RAQQA en sécurisant la grande route partant de SALAMIYAH. L’armée syrienne a pour la première fois depuis 2012 avancé dans la province de RAQQA.
· Face à cette avancée des forces syriennes, les Etats-Unis et la coalition internationale ont annoncé avec une certaine précipitation qu’ils souhaitaient eux aussi prendre RAQQA en partant des positions kurdes :
o L’armée américaine a ainsi bombardé la ville de AL-SHADDADI contre laquelle les forces kurdes mènent une offensive terrestre ;
o L’Arabie Saoudite a annoncé qu’elle serait prête dans ce cadre à dépêcher des forces terrestres (qui passeraient par la Turquie ?).
· Les Kurdes ne souhaitent pas seulement prendre RAQQA pour les Américains ; ils souhaitent surtout réunir les deux portions de territoire qu’ils contrôlent au Nord-Ouest et au Nord-Est actuellement séparées par les rebelles et par l’Etat islamique :
o Dans ce cadre, les Kurdes syriens sont objectivement en convergence d’intérêt avec l’armée syrienne et la Russie ;
o Face à cette avancée des Kurdes et de l’Armée syrienne à Alep, la Turquie a bombardé les positions kurdes à l’Ouest de la Syrie et a annoncé qu’elle envisageait une opération terrestre dans le cadre de la coalition internationale. Mais contre qui ? Contre les Kurdes qui se battent contre Daesh ?
NOTA BENE : cette carte du conflit syrien ne prend pas en compte le « front Sud » où l’armée de Bachar el-Assad connaît aussi d’importants succès à la frontière avec la Jordanie.