L’Iran accède à de nouvelles positions stratégiques en Méditerranée et fait accoster des navires de guerre sur les côtes italiennes
Le contre amiral Roberto Chia Marcella et son homologue iranien Habibollah Sayyari lors de leur rencontre à Téhéran le 5 Septembre 2016
Poursuivant ses efforts stratégiques pour multiplier ses bases navales en Méditerranée, l’Iran a négocié un accord de coopération navale avec l’Italie afin d’amarrer ses bâtiments de guerre dans certains ports italiens.
Le contre-amiral Roberto Chia Marcella s’est rendu deux fois à Téhéran ce mois-ci (les 5 et 24 Septembre 2016). La première frégate italienne a accosté au port de Bandar Abbas, contrôlé par le Corps des Gardiens de la Révolution. Cela faisait 15 ans qu’un vaisseau naval italien n’avait pas amarré dans les eaux iraniennes. La visite de samedi témoigne de la volonté italo-iranienne de réactiver leur coopération militaire, plus particulièrement au niveau naval.
Le guide suprême de la République Islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a exprimé l’importance et la nécessité d’augmenter la capacité de projection de l’Iran en mer Méditerranée en y mettant en place une flotte navale stable, en commençant par s’implanter sur les côtés syriennes et italiennes. Jusqu’à présent, la position la plus avancée de marine iranienne se trouvait dans le Golfe d’Aden.
L’ayatollah Khamenei a désigné le contre-amiral Habibollah Sayyari pour mener cette tâche à bien. La rencontre de Téhéran s’est conclue par la signature d’un accord afin de renforcer leurs relations bilatérales. Téhéran a annoncé lundi soir qu’il effectuerait des exercices militaires conjoints avec la marine italienne en eaux internationales aux alentours de la ville portuaire de Bandar Abbas.
Le Commandant de la Première zone navale de l’Iran, l’amiral Amir Hossein Azad a déclaré que la frégate italienne Euro avait accosté à Bandar Abbas samedi dernier et que l’équipage de cette dernière avait rencontré de nombreux représentants militaires et politiques iraniens. L’Euro a quitté Bandar Abbas mardi 27 septembre pour effectuer des exercices militaires conjoints avec deux destroyers et un hélicoptère de l’aéronautique iraniens en haute mer.
Les Italiens sont favorables à ce que la marine iranienne utilise leurs bases méditerranéennes. Cette décision a pu être motivée par la réduction du nombre de navires de guerre américains amarrés dans les ports italiens. Cela fait presque un an qu’aucun navire américain n’a jeté l’ancre dans un port italien. Rome craint sans doute que Washington ne poursuive sa politique de retrait des forces américaines au Moyen-Orient et par conséquence en Méditerranée, ce qui engendrerait une sous-utilisation des bases navales italiennes.
Cette coopération navale entre l’Iran et l’Italie permet à ces deux Etats d’engranger des bénéfices technologiques, militaires et économiques. En effet, cet accord permet à l’Iran l’obtention de bases navales lui permettant d’augmenter sa capacité de projection dans le bassin Méditerranée. Du côté italien, cet accord permet à Rome de maintenir l’activité de sa flotte navale mais il lui offre également des retombés économiques liées à l’utilisation de ses ports par Téhéran qui vient contrebalancer les pertes engendrées par le retrait de la marine américaine.