Immigration, intégration : après Bruxelles, extirper la racine du mal avant qu’il ne soit trop tard
Les attentats de Bruxelles ont frappé des Etats européens pourtant officiellement préparés depuis ceux de Paris, en janvier et novembre 2015. On se souvient, après la tuerie du Bataclan, de scènes particulièrement frappantes à Bruxelles, où le niveau 4 de menace décrété par le Conseil national de sécurité belge, avait été prolongé de plusieurs jours : la capitale belge ressemblait alors à un théâtre de guerre, vide d’habitants, sillonné de camions militaires et d’hommes en armes cagoulés. En vain. L’Etat islamique a de nouveau frappé notre continent. Et ce n’est sans doute pas fini.
Dans cette ambiance anxiogène, il est une “bonne nouvelle”, certes très relative. Si aucun lien formel n’est encore avéré entre le dernier projet d’attentat déjoué jeudi 24 mars à Paris et ceux de Bruxelles et de 2015 dans notre capitale, l’hypothèse d’un maillage maléfique entre les djihadistes impliqués dans chaque cas gagne en probabilité. Ces hommes se connaissaient, étaient liés à des degrés divers. La romantique théorie du “Loup solitaire” ne rend plus compte de la réalité et l’on prend conscience de l’ampleur d’un réseau jusqu’au coeur de nos villes et quartiers. Cela veut dire que l’on peut remonter des pistes et détricoter cette toile macabre plutôt que de lancer des hameçons au hasard. On ne peut évidemment exclure d’autres attentats fruits de coups de folie individuels, mais le modus operandi dominant est différent. Les assassins ont des ramifications transfrontalières et bénéficient de complicités logistiques appuyées – familiales, amicales – au sein des communautés musulmanes des pays-cibles de leur entreprise de déstabilisation par la terreur. C’est bien une toile sanglante qui apparaît en filigrane de celle de nos “quartiers” européens livrés au communautarisme béat et à la tolérance publique. Une toile qui peut accréditer l’idée d’une conspiration structurée, mais démontre surtout la gravité des conséquences d’un trop long déni de la réalité de la part de nos élites politico-médiatiques.
Car, pour rassurer le citoyen européen qui tremble, de doctes experts persistent à marteler l’idée que l’islamisme n’a rien à voir avec l'Islam, que le terrorisme est une pathologie sociale, non une forme radicale de l’Islam, que ce sont de jeunes rebelles qui se lancent sous couvert de religion dans le djihadisme, que leur appartenance à l’immigration, notamment maghrébine, de deuxième ou de troisième génération, est purement fortuite et que c’est leur désespérance sociale qui les fait basculer dans la terreur. Bref, le djihadisme serait le fruit d’une islamisation quasi fortuite de la radicalité et de la délinquance. Commode... Ce discours d’aveuglement est courageusement dénoncé par le sociologue Hugues Lagrange (connu pour son étude des émeutes urbaines de 2005, et auteur du Déni des cultures paru au Seuil en 2010) dans une tribune publiée dans Le Monde du 20 mars 2016. Il s’en prend au rapport du CNRS intitulé « Recherches sur les radicalisations, les formes de violence qui en résultent et la manière dont les sociétés les préviennent et s’en protègent – Etat des lieux, propositions, actions », rapport commandé après les attentats de novembre dernier et remis début mars au ministre de l’Education nationale et au secrétaire d’Etat chargé des universités. Inspiré des thèses d’Olivier Roy, le rapport recense divers travaux de recherche (sur l’islam en prison ou dans l’armée, la ségrégation spatiale, les comportements violents) pour éclairer les décideurs politiques sur le phénomène de radicalisation islamiste. Or, pour Olivier Roy, la radicalisation n’est pas le fruit d’une révolte de l’Islam ou des musulmans. Elle touche des jeunes majoritairement issus de l’immigration (enfants d’immigrés de deuxième génération et convertis (dont le nombre augmente constamment et qui constituaient déjà 25% des terroristes à la fin des années 1990) mais aussi des “Français de souche”. L'islam ne serait qu’un support quasi anecdotique de leur rébellion sociale et générationnelle (à leurs parents, à la société…). « Bien peu de jeunes en conflit avec la culture de leurs parents et avec la société deviennent terroristes » réplique Lagrange qui rappelle que « les inconduites des jeunes issus des migrations musulmanes en Europe, puis les violences et le terrorisme, dont ils sont aussi acteurs, se sont développés parallèlement à la dérive de l’Islam et aux guerres civiles qui ensanglantent les sociétés du Moyen-Orient [ainsi que] l’effondrement de l’Etat et de son appropriation clanique ». Les “Printemps arabes” n’ont entraîné ni enthousiasme, ni intérêt, chez les “jeunes” de nos banlieues, à la différence par exemple, du mouvement des Indignés en Grèce ou en Espagne, explicitement inspiré de ces Printemps. Hugues Lagrange tient que « les violences extrêmes sont l’expression d’une terrible dérive, d’une course à l’abîme, pas un registre d’action sociale. Culture et religiosité sont complètement mêlées ». Ce n’est donc pas le projet démocratique de la jeunesse tunisienne ou égyptienne qui mobilise nos apprentis djihadistes mais bien la puissance d’attraction du message califal, creuset et catalyseur de vocations sanguinaires. De la même façon, les événements de la Saint-Sylvestre en Allemagne ne sont pas « des débordements liés à la boisson, mais des violences asymétriques dans l’espace public commises par des hommes, pas nécessairement demandeurs d’asile, issus de pays musulmans dans leur grande majorité ».
Ce débat n’est pas secondaire. Il manifeste le déni de la réalité qui nous prive d’une compréhension lucide des racines du mal et donc de moyens d’action sur lui. Encore une fois, tous les musulmans évidemment ne sont pas islamistes mais tous les djihadistes sont bien musulmans de naissance ou par conversion. Ce qui ne veut pas dire que cette ultra-violence eschatologique n’entre pas en collusion avec les réseaux criminels plus classiques qui fournissent armes munitions et soutien logistique à nos terroristes ou parfois se recyclent eux mêmes dans le Djihad pour donner une aura à leurs activités criminelles.
En conséquence, quelle que soit l’excellence et le dévouement de nos structures policières ou de renseignement, quels que soient même les effectifs dédiés à la traque de ces malfaisants, le succès ultime de cette lutte dépend de l’impulsion politique donnée à leur action et d’une révolution du cadre de pensée du phénomène terroriste et de ses liens avec la Nation. Il faut oser s’attaquer aux causes qui engendrent et nourrissent le terrorisme. Comme le disait Joseph Kessel en 1926 déjà, à propos de la Syrie : « On veut bien se battre et se battre bien, mais si cela sert à quelque chose. On a trop l’impression ici de recommencer sans fin la trame de Pénélope ».
Or, les plans de sécurité, le maintien de l’état d’urgence ou le déploiement de milliers de soldats sur le territoire national ne peuvent avoir d’autre effet (au mieux) que de repousser, in extremis le prochain attentat élaboré par des djihadistes qui se trouvent déjà en nombre sur notre sol. Sans réaction politique radicale, sans rupture intellectuelle d’ampleur, nous sommes en fait condamnés au sursis perpétuel dans une interminable attente pour savoir quelle grande ville européenne sera visée puis touchée, et quand.
Quelles sont les causes politiques auxquelles les dirigeants occidentaux doivent s’attaquer pour traiter la racine du mal qui ronge nos sociétés ? La première est sans conteste celle de l’intégration/assimilation, processus nécessaire aujourd’hui paralysé, dont la déréliction permet au totalitarisme islamiste d’étendre son emprise dans la profondeur de notre pays, parmi des jeunes qui, pour beaucoup, sont nés français de parents français. La seconde cause est, de manière liée, celle de l’immigration, notamment celle qui découle des conflits au Levant, en particulier en Irak et en Syrie et qui est directement liée aux politiques occidentales néo-conservatrices qui ont envenimé les conflits, déstabilisé l’ensemble du Moyen-Orient et nourri un fort ressentiment des populations locales à l’encontre de l’Occident. Or, ces deux débats sont biaisés par un aveuglement et un renversement du raisonnement qui condamne nos gouvernants à l’impuissance. Ils y consentent pourtant avec un bel unanimisme, préférant le déni entêté au poids de la clairvoyance et ce renoncement mine le fonds même du consensus démocratique et de la représentativité. Bouger les lignes traque les “Signaux faibles” de cette errance, aujourd’hui en Syrie, en Irak, en Libye et demain ailleurs (quid de la Tunisie clairement visée, du Maroc ou encore de l’Algérie lorsque le président Bouteflika rendra l’âme et le pouvoir ?).
Cet article est plus précisément consacré à la dimension intérieure des politiques d’intégration et d’immigration. Il repose sur un constat simple : si le processus d’intégration est brisé au point que des enfants voire des petits-enfants d’immigrés d’origine musulmane rejoignent le Djihad, alors le mouvement prolongé des migrations doit être interrompu. S’il n’y a plus d’intégration, alors il ne peut plus y avoir d’immigration. Les « immigrationnistes » qui ont tant dénigré le modèle français d’assimilation ont eux-mêmes creusé la tombe de l’immigration.
Les tenants de l’individu contre ceux de la société : un dilemme philosophique au fondement de la crise de l’intégration et de l’immigration
Comment en est-on arrivé là ? Comment expliquer que notre modèle d’intégration ait été réduit à peau de chagrin jusqu’à l’insignifiance ? Il faut comprendre la dimension philosophique et idéologique de cet abandon que le philosophe et historien Marcel Gauchet a décortiquée avec rigueur et clarté dans une récente conférence prononcée à la Fondation Res Publica et retranscrite dans le journal iPhilo. En voici quelques extraits (retrouver ici l’intégralité du texte) :
« Les difficultés nombreuses que nous rencontrons en matière d’immigration et d’intégration me semblent relever en dernier ressort d’un problème philosophique assez simple. Problème que l’on peut résumer en première approche comme la prégnance d’une vision radicalement individualiste, au sens philosophique fort du terme : l’individualisme juridique. La prégnance de cette perspective purement individualiste rend impossible de traiter la dimension collective du phénomène. Dans l’imaginaire contemporain, l’immigré, de préférence sans-papiers, est la figure par excellence de l’individu, comme victime de la société.
(…)
L’horreur qu’inspire la perspective d’une pression de la collectivité sur les individus a trouvé récemment son expression paroxystique dans le rapport qu’évoquait Jean-Pierre Chevènement et dont il a fait une excellente critique, le rapport de M. Thierry Tuot, conseiller d’État, proposant une « société inclusive», concept qui, dans l’esprit de l’auteur, va bien au-delà du simple concept d’intégration, au prix d’un détournement complet du terme « inclusion ». La proposition, en l’occurrence, prend le problème à l’envers : c’est à la société d’accueil de s’adapter aux populations immigrées pour les « inclure » : non-sens sociologique élémentaire !
(…)
Du côté des militants de l’immigrationnisme inconditionnel, le principe philosophique individualiste est poussé à ses dernières conséquences : en droit il n’y a que des individus et nulle société n’est reconnue. Mme Thatcher, qui l’avait affirmé il y a bien des années, a trouvé des disciples très inattendus – et très inconscients de l’être – jusque dans notre extrême-gauche qui a fait de cet aspect du thatchérisme son principe directeur.
Du principe qu’il n’existe, en droit, que des individus, résulte un droit illimité d’installation de chaque individu là où il espère trouver les conditions de vie qui lui seront les plus favorables : principe de libre circulation et de libre installation des hommes, à l’instar du principe du libre mouvement des capitaux, des biens et des services. À l’arrivée, une « société des étrangers », réunissant des gens qui n’ont en commun que leurs droits, leurs contrats et leurs échanges, la fonction de la chose publique se limitant à faire respecter ces droits, les faire coexister pacifiquement et prendre les mesures nécessaires pour leur épanouissement.
Cette vision est l’implicite dominant mais non assumé de l’élite dominante de nos sociétés.
(…)
Face à ces fantasmagories inspirées par une logique individualiste devenue folle, la tâche politique qui s’impose est de revenir à quelques idées simples et d’en tirer les conséquences. La politique est l’art des conséquences, pas celui des principes (qui sont à la portée de tout un chacun et qui ne supposent pas d’art particulier).
Ce qui existe d’abord, ce sont les sociétés. C’est spécialement vrai de notre société où les individus existent par la société. (…)
Nos sociétés sont condamnées à résister à cette pression migratoire, il faut le dire et l’assumer, même si nous jugeons les effets de cette arrivée de population bénéfiques pour des raisons démographiques, économiques (déficit, emploi qualifié…) ou encore pour d’autres raisons, tout à fait respectables, qui tiennent au goût de la diversité humaine.
Il est impossible pour quelque société que ce soit de ne pas contrôler ces flux de population, ou essayer de le faire. (…) Une société qui renonce à contrôler les mouvements de population sur son sol se nie comme société. C’est un enjeu symbolique majeur dans la mesure où l’immigration et l’intégration ne sont pas des phénomènes individuels mais posent un problème de cohésion collective. L’immigration ne peut être qu’un phénomène sous contrôle si l’on veut qu’elle soit acceptée. Dans la France d’aujourd’hui, beaucoup des phénomènes qu’on attribue un peu vite, sur la base d’une analyse sommaire, à la xénophobie, et qui nourrissent le vote Front national, ne sont pas dirigés d’abord contre les immigrés mais contre des autorités auxquelles on reproche l’absence de contrôle de l’immigration, soit par impéritie, soit par un dessein qui s’exprime dans la notion paranoïaque de “grand remplacement” (…)
Nous sommes très concrètement condamnés à résister ici et maintenant parce que la France a un problème d’intégration ».
Le constat de Marcel Gauchet est clair : la pression que la société exerce sur les nouveaux arrivants est une nécessité vitale pour la cohésion et la survie d’un peuple. Elle doit s’exercer notamment par l’école, pour qu’elle soit progressivement intériorisée par les immigrés jusqu’à ce qu’elle devienne inutile en tant que pression. L’assimilation est ainsi l’aboutissement du processus d’intégration. Mais tant que cette pression intégratrice est impuissante, toute nouvelle vague de migration est une utopie ultra-individualiste politiquement très dangereuse.
Si l’on considère que les principes politiques sont partagés par le peuple dans son ensemble mais que l’art des conséquences appartient quant à lui à nos dirigeants et à nos représentants, alors il faudrait en arriver à une conclusion évidente : pour des questions politiques et non morales, il est urgent d’interrompre les flux migratoires tant que le processus d’intégration ne retrouve pas sa force de frappe.
Que faire ? L’analyse politique et le programme réaliste du groupe de hauts fonctionnaires français « Plessis »
Il faut partir de ce constat simple de Marcel Gauchet pour créer une nouvelle politique d’immigration et d’intégration. La politique d’intégration ne peut se faire qu’à long terme, en investissant ce qui est nécessaire (et ce sera considérable !) en matière de justice et d’éducation, mais surtout en réinventant une nouvelle forme d’autorité qui permette à la chose publique d’exercer une pression suffisante sur les individus qu’elle doit éduquer et élever. Cependant, ne soyons pas dupes : une telle renaissance de l’intégration prendra des décennies. Il n’est même pas sûr qu’elle puisse aboutir. Nos politiques sont en plein renoncement à l’autorité et à l’exercice de la responsabilité qui l’inspire et en découle tout à la fois.
Entre temps, une politique d’immigration doit être mise en place à proportion de l’échec du modèle d’intégration. Les solutions pratiques existent et doivent être mises en place sans perdre une minute. Plus on attendra, plus l’objectif final – remettre en marche un processus efficace d’intégration – sera difficile à réaliser. C’est dans cet état d’esprit que le Groupe Plessis, rassemblant des hauts fonctionnaires français, a publié plusieurs tribunes dans le FigaroVox (cf. bibliographie infra) pour montrer que la crise migratoire comme celle de l’intégration n’étaient pas une fatalité, à condition de se donner les moyens d’y répondre. Ce qui suppose, à travers la réhabilitation de l’autorité, celle de la figure politique de l’homme d’Etat dont seul l'intérêt national inspire décisions et actions, qui embrasse la réalité avec lucidité et ambition, détermine une voie et se s’en laisse pas dérouter.
Parmi ces mesures, l’on peut citer :
- Définir une stratégie claire au Moyen-Orient strictement conforme à nos intérêts de long terme ;
- Mettre en place (en coordination) un programme d’aide matérielle massive au bénéfice des populations déplacées par les guerres au plus près de leur pays ;
- Lutter contre les réseaux illégaux d’immigration et délocaliser la demande d’asile sur le modèle australien, qui a très bien fonctionné ;
- Recentrer le droit d’asile au profit des rares authentiques réfugiés (dans la tradition française qui précède la Révolution française et que celle-ci a pleinement consacrée) alors qu’il est aujourd’hui détourné au profit des migrants économiques et sociaux ;
- Changer de paradigme dans le discours politique en admettant que la France n’est plus en mesure d’accueillir plus d’immigrés sur son sol (pour les raisons évoquées plus haut), et mener à cette fin un référendum directement auprès du peuple ;
- Remettre la souveraineté nationale au cœur de la politique migratoire : fixer un quota annuel voté par le Parlement en fonction des capacités d’accueil. Cette décision politique souveraine obligerait l’administration (alors que c’est aujourd’hui l’inverse) ;
- Exiger une renégociation des Accords de Schengen, les suspendre en attendant, et jouer “la politique de la chaise vide” comme le fit le Général de Gaulle ;
Le Groupe Plessis propose dans ses différentes tribunes du FigaroVox une vingtaine de propositions concrètes supplémentaires.
Il y a néanmoins une autre dimension de la politique intérieure relative à l’intégration, qui pourrait être menée à relativement court terme (contrairement au long défi d’une Education véritablement nationale). Celle-ci concerne la lutte contre l’islamisme qui se développe à grande vitesse dans notre pays. Car, encore une fois, ne soyons pas dupes : l’immigration à laquelle nous faisons face est une immigration majoritairement musulmane, dont la dérive politique militante, l’islamisme, ne doit pas avoir la moindre place sur notre territoire. Dans les circonstances actuelles, répéter sur un ton martial que “nous sommes en guerre” contre le fanatisme, le terrorisme, l’intolérance – concepts abstraits – pour ne pas avoir à dire que nous sommes en guerre contre l’islamisme, traduit un stade si avancé du déni de réalité qu’il confine à l’indécence et à l’irresponsabilité. Il faudra bien commencer par le début et marteler dans l’espace public que tous les musulmans ne sont pas islamistes, mais que tous les islamistes sont bien musulmans. Sur l’éradication de l’islamisme en France, quelles sont les marges de manœuvre de la puissance publique ? Le Groupe Plessis propose là encore quelques pistes :
- Pour « trancher les relations d’influence/allégeance de l’Islam de France avec certains pays arabes », disposer des moyens juridiques pour expulser systématiquement tous les imams étrangers à la moindre suspicion ou encore interdire et réprimer tout financement de l’étranger ;
- Redéfinir nos relations avec des pays qui investissent massivement dans les banlieues françaises comme le Qatar, ou ceux qui plus généralement jouent un jeu trouble vis-à-vis de l’expansion de l’islamisme radical, comme l’Arabie Saoudite ;
- Conforter les courants modérés au sein de l’Islam en les aidant à s’organiser pour que leur soit confiées les clés de l’enseignement, du prêche et de l’exégèse ;
- Inversement, interdire tout enseignement coranique par des personnes non agréées par l’Etat et condamner les réfractaires (ceci passerait d’abord par la fermeture des mosquées salafistes) ;
- Achever l’organisation d’un Islam de France : comme le proposait Malek Chebel, il faut instituer un Grand Mufti de la République à la tête d’une organisation interne de l’islam sunnite en France ;
- Cette grande réforme de l’Islam de France est enfin indissociable d’un contrôle des flux migratoires car « l’absence de statistiques précises en la matière pourrait masquer un accroissement beaucoup plus significatif qu’on ne le pense généralement ».
Ces mesures d’urgence sont aussi de bon sens et de salut public. C’est au Politique de forger le socle de la renaissance d’un sentiment collectif et de briser le charme vénéneux de l'appartenance communautaire vers lequel les individus se tournent pour retrouver lien et protection contre une société qui les a précisément dépossédés de ces appartenances institutionnelles et réduits à de pures individualités “hors sol”. Le sentiment d’appartenance à une nation ne peut résulter d’un agglomérat sui generis de communautés venant tirer d’innombrables “droits à” au guichet social d’un Etat en faillite et d’une économie paralysée par un sectarisme social unique au monde.
Malheureusement, aucun politique aujourd’hui ne se risque à une telle rupture constructive, par renoncement à son rôle de guide et de prescripteur, au nom de l'économisme triomphant, par électoralisme surtout, craignant le déclenchement d’une révolte massive et d’une tentative de submersion qu’il croit n’avoir pas les pouvoirs ni les moyens de contenir. La question pourtant, n’est pas celle des moyens mais du courage et de la détermination à vider enfin durablement les abcès nés de notre impéritie collective. “Aller au choc”, le subir s’il advient ou continuer à prier les yeux fermés en espérant que le déluge attendra... Nous voilà sur une ligne de crête éminemment dangereuse. Devant l’accélération des coups de boutoir de l’ultra-violence islamiste, le choix devrait pourtant être vite fait. “La politique du chien crevé au fil de l’eau”, de la fuite en avant dans le déni, l’euphémisme, la démagogie et l’inversion des valeurs érigée en politique d’Etat (l'ignorance à l’école, la pratique religieuse dans l’entreprise, la célébration de toutes les dérives, la minoration des violences contre les personnes et les biens, etc...) conduit à l’impasse et à la dislocation nationale, dont les pires populismes feront leur lit, mettant notre démocratie en danger. Il ne s’agit donc nullement de stigmatiser un groupe humain ou religieux, mais d'extirper sans faiblir les éléments qui le dénaturent, l’instrumentalisent et le perdent. Il s’agit d’oser rétablir une hiérarchie des normes de comportement et valeurs politiques et civiles et de la faire respecter, précisément pour permettre à d’innombrables français musulmans d’échapper à l’emprise communautaire et prosélyte dont ils sont les cibles premières, de retrouver un lien à la France, un lien incarné dans des droits mais surtout des devoirs.
Au delà et plus globalement, il faut structurer un nouveau cadre pour le dialogue entre les religions et la sphère publique et ne pas céder au commode « deux poids deux mesures » implicite entre un « Islam volontiers chatouilleux » et un « catholicisme plus tendre et tolérant ». Il n’appartient pas aux seuls Chrétiens de courber l’échine. L’histoire de France est aussi celle de “la Fille aînée de l’Eglise” et les valeurs de la République sont largement des valeurs chrétiennes sécularisées, à commencer par l’idée même de laïcité. La francisation de l’Islam, l’acceptation entière du cadre laïc par les musulmans de France prendront du temps. Leur imposition sera probablement beaucoup plus difficile qu’à l’époque de la loi de 1905, l’Islam n’ayant jamais connu de révolution théologico-politique. L’Etat seul peut retrouver le chemin de l’autorité et de la définition intelligente du contenu de “ce qu’être français signifie (et impose)”, en renonçant à la facilité d’une concertation communautaire qui n’a jamais été qu’une caution démagogique donnée à l’éclatement grandissant de l’identité nationale.
Ces défis de long terme concernant l’intégration, l’assimilation et la place du religieux dans notre pays ne seront pas relevés si nous ne menons pas des réformes de court terme relatives au contrôle des flux migratoires et à l’éradication de l’islamisme politique. Sans cela, comme le note le Groupe Plessis, « une rupture historique pourrait emporter l’Europe », non seulement comme construction politique, mais également comme civilisation.
La course contre la montre est lancée.
« Répliques » d’Alain Finkielkraut sur France Culture, avec Marcel Gauchet et Gilles Finchelstein : Y a-t-il un malheur français ? (19/03/2016)
http://www.franceculture.fr/emissions/repliques/repliques-du-19-mars-2016-0
Marcel Gauchet dans iPhilo : Nos sociétés vont devoir retrouver le sens de la pression intégratrice (12/03/2016)
http://iphilo.fr/2016/03/12/repenser-et-expliciter-notre-modele-dintegration-marcel-gauchet/
Le Groupe Plessis au FigaroVox : Crise migratoire : la rupture historique qui pourrait emporter l'Europe (18/03/2016)
Groupe Plessis au FigaroVox à « Chaos migratoire » : l'analyse sans concession d'un groupe de hauts fonctionnaires (14/10/2015)
Groupe Plessis au FigaroVox à Islamisme : les propositions choc d'un groupe de hauts fonctionnaires (16/11/2015)